De La Soul
Jungle Brothers
A Tribe Called Quest
jeudi 20 mai 2010
La Dérive du Bling-bling
“Bling bling all in your face / I think you might need to put on your shades / Blaaah !”
"Bling-bling dans ta face, je crois que tu vas avoir besoin de tes lunettes de soleil", s’exclame Missy Elliott, moquant cette obsession à s’exhiber paré de diamants.
“Que le public du fond applaudisse, les premiers rangs peuvent se contenter de secouer leurs bijoux” (“Will the people in the cheaper seats clap your hands ? All the rest of you, if you’ll just rattle your jewelry”). On se souvient de cette réplique de John Lennon devant la Reine et la cour, lors d’un concert de 1963. “Just rattle your jewelry”. Pour l’anecdote, Lennon voulait même dire “(your) fucking jewelry”, mais McCartney l’en a dissuadé. Aujourd’hui, ce n’est plus à la Cour qu’il faudrait balancer la vanne mais à un certain nombre de rappeurs. Mais ça, Lennon ne risquait pas de l’imaginer.
Le bling bling a pris une telle importance qu’une définition s’impose. Lancé à la fin des 90’s sur l’album Chopper City in the Ghetto (1999), par Lil’ Wayne et BG, rappeurs de la Nouvelle-Orléans, (Cash Money Millionaires) le terme bling décrit le “son” de la lumière frappant la surface d’un diamant : bling ! D’où le besoin des lunettes noires pour n’être pas aveuglé par tant de prestige clinquant.
Le bling bling est à ce point rentré dans le langage que le mot a été introduit en 2003 dans le prestigieux Oxford-English Dictionary, non sans déclencher la polémique. Même si une fois encore, on peut noter la créativité verbale du rap, pour certains le mot était idiot, donnant l’impression de sortir de la bouche de quelqu’un avec un QI de 20, illustration de la décadence culturelle de nos sociétés. Pour d’autres, c’est une nouvelle fois la récupération d’un t »erme argotique noir par l’establishment blanc afin d’avoir l’air plus cool et branché.
D’ailleurs, le terme commence à avoir du plomb dans l’aile. Dans un bel élan collectif, Hollywood et le monde du hip-hop US semblent prendre conscience que le clinquant du bling bling a du sang sur les mains. Le film Blood Diamond, avec Leonardo di Caprio, sorti ces dernières semaines sur les écrans français en est une illustration.
Mais c’est des artistes rap eux-mêmes que les critiques se sont développées depuis quelques années. En 2002, la britannique Ms. Dynamite, dont les textes aiguisés avaient pour objectif les prises de conscience du public, chantait sur “It Takes More” : “If its not too complex / Tell me how many African's died For the baguettes on your Rolex?”, expliquant que c’est pas comme ça qu’un mec risquait de l’impresionner, encore moins de la séduire.
Aux US, il fallut attendre 2005 et la prise de conscience de Kanye West, le rappeur multi-awardis é, averti par Q-Tip, l’ancien leader du groupe ATCQ, de la provenance douteuse de certains diamants, les Blood Diamonds, ou Conflict Diamonds.
“Good Morning, this ain't Vietnam still
People lose hands, legs, arms for real
Little was known of Sierra Leone
And how it connect to the diamonds we own
(...)
Sierra Leone connect to what we go through today
Over here, its a drug trade, we die from drugs
Over there, they die from what we buy from drugs
The diamonds, the chains, the bracelets, the charmses
I thought my Jesus Piece was so harmless
'til I seen a picture of a shorty armless”
(“Diamonds From Sierra Leone”)
Depuis, plusieurs documentaires se sont attachés à montrer les conséquences de ces trafics sur les populations de certain \es régions africaines, en particulier au Sierra Leone où, comme le montrent les films Bling : A Planet Rock, de Raquel Cepada
et Bling : Consequences & Repercussions de Kareem Edouard, avec Chuck D. pour narrateur, visible sur internet, les rebelles du RUF (Revolutionary United Front), ont utilisé le trafic de diamant pour acheter des armes tout en se livrant à des campagnes de massacres et mutilations des populations civiles. Leur signature ignoble consistant à amputer bras, jambes, ou oreilles en réponse à l’appel du président Ahmad Tejan Kabbah, “Join Hands for Peace”. Plus de 20 000 mutilés, sans parler des 50 à 75 000 morts.
Il serait trop facile de ne jeter l’anathème que sur les rappeurs. Tego Calderon, rappeur portoricain, star du reggaeton, participant au projet Bling : a planet rock, témoigne : “je ne demande pas à mes collègues de reti trer leurs bijoux. Ce n’est pas facile, parce qu’on vient d’en bas et qu’on a lutté toute notre vie pour avoir ce qu’on voulait”. (Vibrations, Février 2007)
Paul Wall, rappeur blanc de Houston, Texas, également impliqué dans le projet, confesse : “acheter et porter des bijoux aide à relâcher le stress. Même moi, y’avait des moments où je pouvais à peine payer mes factures d’électricité mais où je trouvais toujours à racler les fonds de tiroir et avoir assez d’argent pour m’acheter un nouveau collier”.
Précisons qu’outre ses talents d’artiste, Paul Wall s’est fait connaître en lançant une ligne de grills. Car le bling bling, ce ne sont pas que des chaînes, des bracelets, des médaillons ou encore des boucles d’oreille. Le grill est devenu un attribut essentiel du bling bling. Pas du style de ceux qui servent à cuire la viande, genre “barbeuq’ à Raymond” (vu sur M6). Une alimen tation carnivore est cependant préconisée car les “grills” en question sont les bijoux dentaires popularisés chez nous par Joey Starr. Les salades vertes sont déconseillées du menu : imaginez combien les petits bouts coincés sur le devant seraient du plus vilain effet. Les grills, finalement les seuls appareils qui mériteraient, au sens propre, le nom de “couronnes” dentaires !
Le séjour au Sierra-Leone de Paul Wall ne l’a en tout cas pas incité à mettre la clé sous la porte, simplement à vérifier la provenance des pierres utilisées dans leur fabrication.
“Paul Wall and everyone at Grills by Paul Wall abhors the practices used to obtain "blood diamonds". For more information on what actions we are taking, please click here
All grillz are manufactured in Paul Wall’s top of the line workshop in Ho 2uston!
All grillz are top quality, using quality diamonds and custom fit to your mouth!”
Most grillz are priced per tooth so you can get exactly what you want! You can
order from two to eight teeth for a top and two to eight teeth for a bottom”.
Sa collection compte quelques modèles aux noms évocateurs : Read My Lips, Count Ice-Ula, aux canines proéminentes, Money In Your Mouth, le bien-nommée à 800$ la dent, Word Of Mouth...
Pas de la pacotille à ce tarif !Le même argument de filières mieux contrôlées est aujourd’hui repris par les joailliers qui se la racontent “chevaliers blancs” et ajoutent : “Ce marché constitue un important pilier économique, notamment pour certains pays en développement d'Afrique. Aujourd'hui, l'industrie diamantifère est l'une des formes d'investissement en Afrique les plus respo ˇnsables et efficace. De nos jours, 99,8 % des diamants sont certifiés par le processus de Kimberley”. Et en profitent pour contre-attaquer, ainsi Beyoncé et J.Lo se sont vues proposer “10 000 dollars chacune, ou plutôt en faveur de l'ONG de leur choix en Afrique, en échange du fait de porter ostensiblement des diamants lors de la soirée des Golden Globes. Une ligne de joaillerie équitable a même été lancée” (Libé 3/2)...
N’y aurait-il que les diamants pour briller en société ? Et s’il y avait d’autre bling que celui-là. Rappelons-nous ce que nous disait Carlinhos Brown il y a quelques années :
“La sueur exprime la sincérité de l’homme de scène. La sueur retire le maquillage. Hollywood nous a appris à nous maquiller mais je ne crois pas que la personne maquillée soit plus belle. Car l’homme atteint sa plénitude avec la sueur. La sueur donne la lumière. Quand l’homme sue, il brille”.
Imaginons donc cette nouvelle définition du bling : “son” de la lumière frappant la surface d’une goutte de sueur : bling !
Libellés :
Bling Bling,
Carlinhos Brown,
Chuck D,
Kanye West,
Lil' Wayne,
Ms Dynamite,
Paul Wall
Des Tubes "expérimentaux" : un oxymore gagnant
Missy de grande portée
Par Stéphanie BINET (Libération)
vendredi 28 novembre 2003
This Is Not a Test (Elektra/WEA).
Les Inrocks :
Missy Elliott
This is not a test!
sortie nov. 2003 (East West / WEA)
Très old-school, dans ses sonorités et ses thèmes, This Is Not a Test! se veut une sorte de plongée au cœur de l’histoire du rap américain. Ses beats efficaces, aux saccades claquantes, ses rimes désinvoltes recadraient le débat, remettaient en perspective un genre de plus en plus prolixe. This Is Not a Test! continue sur cette lancée et se révèle même plus attachant et diabolique. Les arrangements y sont plus clairsemés, donnant parfois l’impression d’un dépouillement monacal. Un peu comme si Missy Elliott, en renonçant l’an dernier, sur ordre de son médecin, à ses injections quotidiennes de bonbons et de barres chocolatées, avait aussi entamé une sorte d’amaigrissement de sa musique. This Is Not a Test! est rempli de morceaux presque minimalistes, voire ascétiques : les chansons, menées par le phrasé de l’Américaine, reposent sur des fondations dont les beats sont les uniques pilotis, à la fois épars et extrêmement solides. Les rythmes semblent programmés par un gamin frénétique, saccageant une boîte à rythmes dont il ferait cracher des déflagrations grasses, aux sonorités ciblant le ventre, le pubis, l’utérus. La musique de Missy Elliott est ainsi faite : dénudée comme des fils électriques survoltés, et impitoyablement sexuelle, s’adressant aux entrailles, qu’elle malmène, torture et fait jouir en un même mouvement saccadé. Missy Elliott y aligne des paroles incongrues, faisant rimer "Michael Jackson" avec "rectum", commentant l’état actuel du hip-hop et citant certains de ses héros du genre. Sur Let It Bump, elle rend ainsi hommage à Roxanne Shanté et à son anthologique morceau Live on Stage de la fin des années 80. En se plaçant sous l’aile de cette rappeuse sans compromis, Missy Elliott signifie qu’avec elle les vrais hérauts du rap, ses champions et ses joueurs les plus solides, ne sont plus des hommes, mais des femmes, aux ambitions tout aussi dévorantes et viriles.
Missy Elliott est ainsi le modèle ultime des filles de sa génération, Kelis et toutes les autres, alors qu’elle-même semble prendre modèle sur les Jackson, Michael et Janet, dont elle est fan jusqu’à l’os, rêvant du succès planétaire de Thriller, et du corps de Janet pour remplacer le sien, longtemps trop gras. Imparable, son nouvel album regorge en tout cas de pistes à explorer, de chansons qui donnent le pouls de l’Amérique urbaine. Normal : Missy n’aime rien mieux que tester ses nouveaux morceaux en voiture, histoire de voir s’ils collent ou non au paysage qui défile, à la ville qui vibre sous ses roues. Jusque-là, elle a réussi tous les tests : son permis de conduire vaut de l’or.
Souvent réalisés par Hype Williams, les vidéo-clips deviennent de véritables petits court-métrages où le visuel accentue le caractère rythmique de la musique :
Par Stéphanie BINET (Libération)
vendredi 28 novembre 2003
This Is Not a Test (Elektra/WEA).
Ce qui est bien avec Missy Elliott, c'est qu'elle met tout le monde d'accord : les hip-hop heads comme ceux qui détestent tout ce qui ressemble de près ou de loin à un rappeur. L'esthétisme de ses clips toujours novateurs, sa musique entre electro dépouillée et groove furieux, sa tchatche de bonne vivante et même son mauvais goût de "nouvelle maigre" ont conquis les plus endurcis. Un an après Under Construction, elle revient avec This Is Not a Test, tout aussi gonflé, l'effet de surprise en moins. En hors-d'oeuvre, passez-vous Pass the Dutch ou Let Me Fix My Weave, Work It II et surtout Toyz, une ode aux godemichés car Missy, dit-elle, ne s'ennuie pas quand son petit copain n'est pas là. Elle applique sa maxime du début jusqu'à la fin de l'album : "Le hip-hop, c'est la liberté de s'exprimer, pas de déprimer." Elle invite Jay-Z pour un terrible Wake up où elle précise qu'on peut aussi aimer le rap si on ne porte pas d'arme et si on reste habillé. Elle réhabilite R-Kelly, accusé de pédophilie l'an passé, pour un sexy Dat's What I'm Talking About et lance la nouvelle star du dancehall, Elephant Man. Reste un petit faible pour les ballades à galoches, Is This Our Last Time et I'm Not Perfect.
Les Inrocks :
Missy Elliott
This is not a test!
sortie nov. 2003 (East West / WEA)
Très old-school, dans ses sonorités et ses thèmes, This Is Not a Test! se veut une sorte de plongée au cœur de l’histoire du rap américain. Ses beats efficaces, aux saccades claquantes, ses rimes désinvoltes recadraient le débat, remettaient en perspective un genre de plus en plus prolixe. This Is Not a Test! continue sur cette lancée et se révèle même plus attachant et diabolique. Les arrangements y sont plus clairsemés, donnant parfois l’impression d’un dépouillement monacal. Un peu comme si Missy Elliott, en renonçant l’an dernier, sur ordre de son médecin, à ses injections quotidiennes de bonbons et de barres chocolatées, avait aussi entamé une sorte d’amaigrissement de sa musique. This Is Not a Test! est rempli de morceaux presque minimalistes, voire ascétiques : les chansons, menées par le phrasé de l’Américaine, reposent sur des fondations dont les beats sont les uniques pilotis, à la fois épars et extrêmement solides. Les rythmes semblent programmés par un gamin frénétique, saccageant une boîte à rythmes dont il ferait cracher des déflagrations grasses, aux sonorités ciblant le ventre, le pubis, l’utérus. La musique de Missy Elliott est ainsi faite : dénudée comme des fils électriques survoltés, et impitoyablement sexuelle, s’adressant aux entrailles, qu’elle malmène, torture et fait jouir en un même mouvement saccadé. Missy Elliott y aligne des paroles incongrues, faisant rimer "Michael Jackson" avec "rectum", commentant l’état actuel du hip-hop et citant certains de ses héros du genre. Sur Let It Bump, elle rend ainsi hommage à Roxanne Shanté et à son anthologique morceau Live on Stage de la fin des années 80. En se plaçant sous l’aile de cette rappeuse sans compromis, Missy Elliott signifie qu’avec elle les vrais hérauts du rap, ses champions et ses joueurs les plus solides, ne sont plus des hommes, mais des femmes, aux ambitions tout aussi dévorantes et viriles.
Missy Elliott est ainsi le modèle ultime des filles de sa génération, Kelis et toutes les autres, alors qu’elle-même semble prendre modèle sur les Jackson, Michael et Janet, dont elle est fan jusqu’à l’os, rêvant du succès planétaire de Thriller, et du corps de Janet pour remplacer le sien, longtemps trop gras. Imparable, son nouvel album regorge en tout cas de pistes à explorer, de chansons qui donnent le pouls de l’Amérique urbaine. Normal : Missy n’aime rien mieux que tester ses nouveaux morceaux en voiture, histoire de voir s’ils collent ou non au paysage qui défile, à la ville qui vibre sous ses roues. Jusque-là, elle a réussi tous les tests : son permis de conduire vaut de l’or.
Joseph Ghosn
26 nov. 2003
Souvent réalisés par Hype Williams, les vidéo-clips deviennent de véritables petits court-métrages où le visuel accentue le caractère rythmique de la musique :
Libellés :
Busta Rhymes,
Missy Elliott,
Neptunes,
Timbaland
mercredi 19 mai 2010
Les Sons du Ghetto Global pour s'encanailler
C'est une constante des musiques populaires : elles sortent de la marge et touchent un public plus large dès lors que les branchés viennent s'encanailler sur ces nouveaux rythmes. Nés dans les ghettos du monde, dans les favelas et les périphéries des grandes métropoles, les nouveaux beats deviennent une quête pour tous les DJs en quête de nouveauté.
Leur réputation sulfureuse contribue à faire leur popularité. Ici, point de revendications, juste l'envie de faire la fête, quitte à le faire dans un environnement violent et s'afficher ouvertement sexiste.
Du crunk au baile funk carioca, du kuduro angolais au dancehall jamaïquain, du dirty south rap au grime UK, une seule ambition : faire secouer le booty des danseurs...
Crunk et Hyphy
Un article de Libé...
Crunk, le rap à tue-têteContraction de "crazy" (fou) et "drunk" (saoul), ce hip-hop exubérant venu du Sud des Etats-Unis a conquis le marché américain et débarque en France. Le credo: faire passer la fête avant la politique et vendre un maximum de disques.
par Stéphanie BINET
vendredi 10 mars 2006
"Debout et devenez crunk", c'est le nouveau mort d'ordre lancé depuis les Etats-Unis, plus précisément des Etats du Sud. La folie crunk débarque en France avec des sorties de disques en pagaille, la diffusion d'un documentaire qui lui est consacré (1), une soirée hebdomadaire dans la capitale et la prochaine sortie en DVD du film Hustle and Flow, qui raconte la reconversion d'un proxénète en artiste crunk. Mais, aux Etats-Unis, où il existe même une boisson énergisante du même nom, le "Crunk Juice", on a déjà atteint l'overdose. Depuis deux ans, l'Amérique n'en fit plus de "crunker", depuis qu'un DJ d'Atlanta, Lil'John, a produit le tube interplanétaire du chanteur Usher, Yeah !, et qu'on a vu apparaître ce rasta surexcité grognant son injonction, un verre en argent et damianté à la main.
"Te prends pas la tête." Le mot crunk est la contraction de crazy (fou) et drunk (saoul), mais même le roi désigné du genre ne se rappelait pas de sa signification lors de son dernier passage à Paris : "J'entends ça depuis que je suis môme, mais je ne sais pas ce que ça veut dire littéralement. C'est un mot d'argot de chez nous. Quand on racontait la fête de la veille, on disait : "Ah, c'était crunk, hier" pour dire qu'il y avait du monde, que ça dansait et que c'était fou. Mais un jour, on l'a utilisé dans le refrain d'une chanson (Get Crunk, ndlr) et maintenant c'est devenu un mode de vie. On vit pour être crunk, pour aller en boîte et se retourner la tête. Pour moi, ça veut dire : "Laisse-toi aller, libère-toi, ne te prends plus la tête avec les factures.""
Originaire d'Atlanta, Lil'John a usé toutes les platines des clubs de la ville (des boîtes house à celles du hip-hop) avant de trouver le son qui allait définir le crunk. De sa cave, il a ressorti une vieille boîte à rythmes, la TR-808, qui donne un timbre si sale à ses "beats". Entre techno et hip-hop, Lil'John invente une nouvelle rythmique sur laquelle il fait poser des artistes qui aboient plus qu'ils ne rappent. Dans l'esprit, le crunk rappelle les productions digitales du dancehall jamaïcain, mais lui a une tout autre vision de sa musique : "Le crunk, c'est une musique énergique, faite pour les clubs ou les grands rassemblements. C'est comme le dancehall en Jamaïque, mais nous, on préfère comparer ça au punk-rock. On se relâche de la pression du quotidien en faisant n'importe quoi. C'est crasseux et ghetto comme le punk-rock mais... On ne s'habille pas aussi mal qu'eux. On aime bien quand même avoir de belles baskets. C'est plus dans l'attitude, dans l'agressivité de la musique."
Soirées orgiaques. Mais là où les punks anglais hurlaient "No Future" et se positionnaient politiquement, le crunk n'en a que faire : "Nous, on est là pour que les gens fassent la fête et qu'ils se libèrent de leur stress, on ne va pas encore en plus les faire chier avec Bush et toutes ces conneries. Je me sens proche de groupe comme les Suicidal Tendencies et de leur chanson, Institutionalized. Le chanteur racontait comment sa vie était pourrie, que sa mère ne lui foutait jamais la paix. Le crunk, c'est pareil. Nous, on n'est pas des rappeurs mais des artistes crunk. On ne rappe pas, on raye les disques. On n'a même pas de cahier de rimes, on ne sait pas "freestyler" non plus. Nos chansons, c'est plus comme des slogans de manifs, des chants de supporteurs."
Sauf que leurs block parties à eux (des soirées hip-hop en plein air), se transforment souvent en énormes orgies, à en croire Lil'John, qui s'est lancé d'ailleurs dans la production de films porno, et le DVD Crunk and Famous qui présente les artistes du genre, l'énorme Bone Crusher, le très élégant Pastor Troy, fils de pasteur, ou les jumeaux Ying Yang Twins. Ces derniers, également d'Atlanta, ont décliné le genre sous plusieurs formes. Halftime, (Stand up and get drunk) avec sa fanfare est un hymne pour les troisièmes mi-temps des matchs de football. Ils ont aussi ralenti le tempo pour Wait (The Whisper Song), un titre où ils chuchotent leurs textes plutôt que de le rapper.
Le crunk est aujourd'hui le rap le plus populaire venu du sud des Etats-Unis, mais il s'est très vite mélangé à des styles qui jusque-là vendaient des disques localement grâce aux productions indépendantes mais n'avaient pas connu une exposition nationale, à quelques exceptions près (le Dirty South d'Outkast ,de Goodie Mob ou de Ludacris, les productions de Missy Elliott et de Timbaland, le gangsta rap des Getos Boys et de Scarface). "Il y a plein de formes de rap dans le Sud, décrypte Lil'John. Le tempo du Miami Bass est très rapide, c'est de la dance music. Ça rend les filles dingues et ça leur fait secouer le derrière. Pour la New Orleans bounce music, le tempo est plus lent. Au Texas, ils font de la screw music. Ils ralentissent au maximum leurs chansons préférées, c'est hypersensuel..."
Revanche du Sud. Natif du Mississipi, le rappeur David Banner, fils d'un pompier et d'une employée des services sociaux, s'en est fait le spécialiste, et pour lui l'émergence récente des rappeurs du Sud a une explication historique : "Aux Etats-Unis, il y a toujours cette mentalité qui date de la guerre civile. Dans le rap, tout se décide à New York, et les Etats du Nord ont toujours essayé de maintenir le Sud au plus bas. Pendant longtemps, grâce à la scène indépendante, on arrivait à faire de l'argent. Maintenant, qu'on a une visibilité nationale, on essaie de se faire entendre le plus possible."
Avec Kanye West, David Banner est l'un des rares artistes de rap à s'être mobilisé pour les réfugiés après le passage de l'ouragan Katrina. Il a récolté un demi-million de dollars en organisant le concert "Heal The Hood". Pour lui, le crunk doit rester apolitique, mais ça ne doit pas empêcher de se mobiliser individuellement : "Ce n'est quand même pas de la responsabilité des rappeurs de s'occuper du peuple américain, c'est aux politiques de le faire. Notre responsabilité en tant qu'artiste, c'est de vendre des disques. Vous pouvez dire tout ce que vous voulez de positif et de militant dans vos disques, si personne ne les écoute ou ne les achète, ça ne sert à rien. Il faut d'abord être célèbre, vendre des disques avant de militer. Mais moi, je suis du Mississipi, je l'ai même tatoué dans mon dos. C'était impossible que je ne fasse rien. Je voulais que les gens sachent à quel point l'Amérique maltraite les Noirs."
(1) L'Outrance des rappeurs, d'Ariel Wizman et Eric Perruchon, lundi 13 mars à 22h50 sur Canal + dans le cadre de lundi investigation.
Le meilleur du crunk
o Lil'John & The East Side Boyz : Kings of Crunk, Crunk Juice (TVT Records).
o Ying Yang Twins : My Brother & Me, Me and My Brother (TVT Records).
o David Banner : MTA2 : Baptized in Dirty Water, Mississipi The Album, Certified (Universal), David Banner Undaground Vol.1 et 2 (BIG Face Entertainment).
o Pitbull : M.I.A.M.I (TVT Records).
o Three Six Mafia When The Smoke Clears, Most Known Unknown (Columbia).
Un autre article de Libé...
La connexion "hyphy"
Vendredi 15 septembre 2006
Stockton (Californie) envoyée spéciale
"Tchiri", la trajectoire du tube international volé à la source
Dans le Rétro (de Goutte de Funk)
(A)Post(Eriori)
Reproduisons quelques extraits de ces échanges :
"Je parle d'un point de vue personel mais a mes souvenirs dans les "communauté afro" en europe c'était vers 2003/2004 ou 2004/2005 que le kuduro était déja gros... Galliano et d'autre on peut etre donné de la visibilité au kuduro pour d'autre milieu mais dans la communauté afro ils ne sont pas des references... Pour le cross-over ça ne me choquent pas en france la diaspora africaine dans les soirées on trouve toujours plusieurs genre avec toujours quelque genre dominant comme le soukouss ndombolo le coupé décalé le zouk le dancehall le kuduro..."
Les Encanaillés : TTC, Diplo, etc...
La connexion "hyphy"
A mi-chemin entre rap et house, ce mouvement californien, porté par un public d'ados, allie rythmes ultrarapides et danses désarticulées, cascades de voiture et jargon fleuri. Avec pour mot d'ordre : «faire l'idiot».
Par Stéphanie BINETVendredi 15 septembre 2006
Stockton (Californie) envoyée spéciale
Ils sont 17 000 gamins en train de faire les fous, les dreadlocks lâchées, portant sur le nez des lunettes pleines de clignotants et le dentier assorti. Le palais omnisports de Stockton à 30 km au sud de Sacramento, capitale administrative de la Californie, vibre en ce dimanche caniculaire sous les infrabasses de la hyphy music (prononcer «aïe-fi») . Un important dispositif policier entoure la salle et empêche les danseurs de s'exciter dans la fosse. Leurs danses désarticulées rappellent celles aperçues dans le film de David La Chapelle, Rize . Sauf que les danseurs ne s'affrontent pas, ils se battent surtout avec leurs démons intérieurs comme sous l'emprise du crystal meth, la drogue qui fait des ravages dans la région. Ils ont entre 16 et 20 ans, Noirs, Blancs, latinos et Asiatiques. Alors qu'à Los Angeles chacun reste dans sa communauté, de San Francisco jusqu'à la péninsule de Monterey, les jeunes se mélangent en écoutant la musique du vétéran E-40 et les uptempos de son fils Droopy, 18 ans.
Spontané. Depuis quelques années, tous les concerts de hyphy se terminent par un sydeshow, une tradition de Californie du Nord où les jeunes automobilistes enchaînent les cascades. Le but étant de faire crisser les pneus en décrivant des cercles. Ces «jackasseries» ayant déjà fait plusieurs blessés et parfois des morts, la police veille au grain, canalisant ainsi un mouvement spontané.
Musique rudimentaire. Depuis que le crunk d'Atlanta est devenu très populaire sur les ondes américaines, la hyphy music, qui n'était alors jamais sortie d'Oakland et de ses alentours, a des envies d'expansion. Apparu il y a cinq ans, ce rap très local au tempo rapide, presque techno, s'autosuffisait. Contrairement à la majorité de leurs collègues, les rappeurs de la Bay Area ont par tradition privilégié un mode de production indépendant (les majors n'ont d'ailleurs jamais vraiment réussi à y installer de bureaux), vendant leurs cassettes puis leurs CD directement depuis le coffre de leurs voitures. En vingt ans de carrière, le flow discontinu de l'ancien dealer E-40 ou du proxénète Too-short n'a jamais été à la mode dans le reste des Etats-Unis, pas plus que leurs musiques très rudimentaires. On leur piquait de temps à autre leur argot très spécifique comme le cri «Biaaaaatch» de Too Short ou le «You feel me ?» d'E-40. Mais, une fois de plus, le crunk d'Atlanta leur a volé la vedette et les danseurs de la Bay Area se sont fait voler leurs danses clownesques par Tommy the clown de Los Angeles : «Nous, notre hyphy movement , c'est notre vie, pas un film», se vantent les Architeckz, qui accompagnent E-40 à Stockton. Du coup, les rappeurs de la hyphy music font un effort de marketing : ils étaient tout l'été en tournée aux Etats-Unis, ouvrant même un match de basket au Madison Square Garden à New York.
«Cousins». L'ambassadeur du hyphy, E-40, s'est associé, il y a peu, à Lil'John, l'inventeur du crunk, pour populariser sa culture : «Nous sommes des cousins qui viennent d'endroits différents, résume le Californien dans les coulisses du concert de Stockton. Mais le hyphy est plus complet. Il y a les danses, un jargon, des shows avec les voitures, des coiffures... Et puis le tempo de notre musique est bien plus rapide.» Donc, si le crunk est la contraction de «crazy» (fou) et de «drunk» (ivre), «hyphy» est celle de «hyperactive» et de «fly» (branché). Keak Da Sneak, qui vend des bijoux à ses heures perdues, a été le premier à l'utiliser dans un disque, il y a six ans. Le mot d'ordre de cette musique, ce n'est pas «get drunk» («saoule-toi») comme dans le crunk mais «go stupid» («fait l'idiot»).
Animal. Aussi proche de la culture house que du rap, le hyphy movement reprend certains de ses emblèmes comme le smiley jaune et l'usage intempestif des drogues comme l'ecstasy ou le meth, un mélange toxique de méthamphétamines. Un des pionniers, Mac Dre, aujourd'hui décédé, avait baptisé le célèbre logo le «Thizz Face», créant même une danse pour accompagner son disque, Thizzle . On fait une drôle de tête en secouant ses cheveux puis en se roulant par terre comme un animal. E-40, dont le nom vient des litrons de bières qu'il buvait jeune, les 40 ounces, a même rebaptisé la Bay Area, la Yay Area : «Il y a plein de "hustlers" [maquereaux, ndlr] chez nous. "Yay", ça vient de "yeyo", la cocaïne. Comme dans le film Scarface, quand Tony Montana dit "Gimme the yeyo" [donne-moi la coke, ndlr]. Moi, j'ai aussi commencé en faisant du business. Mais mon but, c'était le rap, je vendais mes mixtapes, faisais de la promo comme d'autres vendaient leur dose.» Un coup porté au mythe du San Francisco politique qui a donné naissance aux Black Panthers, au mouvement pacifiste contre la guerre au Vietnam. «Ce n'est pas juste un appel à la bêtise, se défend le leader de la hyphy music. Ça veut dire : "Sois toi-même, laisse-toi aller, amuse-toi." Pour moi, ce n'est pas nouveau, cela va dans la continuité du Humpty Hump de Digital Underground (le groupe funk rap dans lequel dansait Tupac Shakur, ndlr) .»
Chenille. Dans le refrain de son dernier tube, Tell Me When To Go, E-40, qui termine toutes ses phrases par «You smell me !» (littéralement, tu me sens), exhorte ses fans à suivre «les pas de sa chorégraphie», une sorte de chenille hip-hop mais avec des voitures : «Sors de ta voiture et marche à côté/ Maintenant, fais crisser les pneus/ Mets tes lunettes de soleil/ Accélère, freine/ Secoue ces dreads/ Montre-moi ton grill [dentier en or, ndlr] / .../ Faits l'idiot, vas-y.» «Ce sont des jeux du ghetto, explique le vétéran. On est très créatif pour inventer de nouvelles conneries avec nos voitures. Comme le ghostriding (la conduite fantôme : marcher à côté de sa voiture qui roule comme si un fantôme la conduisait à votre place) .»
«Gouda». Bien sûr, chacun des disques d'E-40 est truffé de nouvelles expressions incompréhensibles pour un fan new-yorkais... et par la police : «C'est un hobby chez nous, s'amuse le rappeur. On invente des mots toute la journée.» De nombreux autres groupes marchent dans ses pas comme The Federation, The Team, Turf Talk, chacun y allant de son bon mot. Les membres de The Federation ont ainsi popularisé le «18 Dummy» ou comment devenir bête en buvant de la tequila Jose Cuervo 1800. E-40 adore le Flam boasting, soit flamber en portant des lunettes de jour comme de nuit. A New York, on appelle l'argent, la crème (Cream comme une célèbre chanson des Wu Tang Clan). Dans la Bay Area, c'est le gouda, comme le fromage qu'on ajoute dans son hamburger. Normal pour E-40, puisqu'en fin businessman et en fin gourmet, il a acheté la franchise de la chaîne de fast-food Fat Burger (les plus gras du marché) pour le Nord de la Californie. Une chance qu'il n'ait pas encore sorti un disque en rappant «Get fat» (devenez gros).
"Tchiri", la trajectoire du tube international volé à la source
Dans le Rétro (de Goutte de Funk)
(A)Post(Eriori)
En postant les archives de l'émission, on retrouve des titres et des passages sur lesquels on éprouve le besoin de rajouter quelques commentaires. Notamment parce que certains morceaux diffusés ici sont devenus des tubes. Parfois à notre plus grande surprise avec l'exemple d'aujourd'hui, le "Tchiriri" de Costuleta.
Au préalable, précisons les strates temporelles à l'œuvre sur ce blog. Si cet espace s'ouvre seulement au public (depuis le 20 juin), cela fait désormais une paire de mois que, dans mon coin, je poste les archives (écrites) de mon émission Goutte de Funk, diffusée sur Divergence-FM, à Montpellier (93.9) et sur le net (www.divergence-fm.org). Goutte de Funk termine sa troisième saison d'antenne. Les vieux numéros des deux premières saisons (2006-2007 et 2007-2008) sont donc archivés en mars et avril 2009, suis-je clair ?
En septembre 2007, nous commencions la Saison 2 par un retour aux fondamentaux du funk, le booty. Saisi dans toute sa dimension régressive, nous donnions à l'émission le titre poétique de Cosmogonie de la paire de lunes et proposions une sélection musicale multi-genres dont le point commun était de joindre le fond et la forme : parler du booty en tant que tel et, si possible, le faire bouger groovalamment.
Nous n'allions pas échapper cette fois-ci à mon enthousiasme pour le kuduro angolais (nous en avions déjà parlé lors de la Saison 1, sans prendre le temps d'en écouter), dont le nom lui-même le rendait incontournable en pareille circonstance : kuduro = "cul dur" (paraît-il en hommage au musclé postérieur du très aware Jean-Claude Van Damme). Parmi la brève sélection de la play-list de ce soir-là, outre un titre de Gata Agressiva & Kuduro Sound System (le collectif rassemblé par Frédéric Galliano), nous diffusions le "Tchiriri" de Costuleta.
La trajectoire de ce morceau est l'unique motif de ce Dans le Rétro, de ce (a)post(eriori). Car "Tchiriri" est devenu un tube. Sans qu'on l'ait vu venir, il faut bien l'avouer... Et, le 16 mai 2009, Costuleta chantait devant plus de 60 000 personnes au Stade de France, ouvrant les festivités pour les 30 ans de Kassav' (photo ci-contre).
J'ai découvert le kuduro par la lecture d'un article, avant même de pouvoir en écouter. Ma curiosité dès lors titillée, j'entrepris aussitôt d'en chercher des illustrations sonores sur le web. Et, à l'époque, il y a trois ans de cela environ, le butin de mes recherches fut assez maigre. Je dénichais quelques titres sur le site d'une radio angolaise, quelques mp3 dont les infos étaient réduites à leur portion congrue. Mais, parmi ces morceaux figurait déjà le "Tchiriri" de Costuleta. Un titre dont je me suis tout de suite entiché. Et, avouons qu'il est franchement addictif et d'un impact instantané.
Dans le même temps, j'avais également pu visionner quelques vidéos d'un spectaculaire danseur unijambiste qui réalisait d'acrobatiques figures à l'aide de ses béquilles. Est-ce les commentaires des vidéos ou mon imagination, sachant que l'Angola était un des pays les plus touchés par ce fléau, je croyais voir là une victime de mines anti-personnelle. Je repensais à certains romans de l'immense Antonio Lobo Antunes, dont le lecteur gardera à vie le souvenir de certains passages. Ainsi, le très autobiographique Le Cul de Judas, dont le narrateur fut médecin militaire pendant la guerre d'indépendance :
"Avant cela, il y avait eu la jambe de Ferreira, ou plutôt, l'absence de la jambe de Ferreira qu'une anti-personnel a transformé en un saci* à l'agonie, les cuisses en lambeaux du caporal Mazunguidi, dont j'ai retiré jusqu'à des œillets de lacets, le pansement de fraîcheur du matin sur mon front perplexe lorsque je suis arrivé sous le préau du poste de secours avec ma chemise tâchée de sang et que j'ai reçu comme une insulte la clarté indifférente du jour" (p. 68).
"Docteur il faut que vous alliez dans la jungle, parce qu'on a mis les pieds sur une antipersonnel dans une ornière, six kilomètres de Mercedes à toute pompe, et soudain le peloton dans une clairière, le caporal Paulo, couché, gémissant, et, en dessous du genou, après une pâte pétrie de sang, rien, rien Monsieur le Président et Messieurs les Eunuques, rien, imaginez Monsieur le Président, ce que c'est de voir disparaître brusquement des bouts de soi-même, les descendants légitimes des Cabral et des Gama disparaissant par fractions : une cheville, un bras, un bout de tripe, les couilles, mes chères petites couilles évaporées ; il est décédé au combat explique le journal, mais est-ce cela décéder sales fils de putains !" (pp. 116-117).
Et si ce ne fut pas la guerre d'indépendance, ce fut la guerre civile entre le MPLA et l'UNITA... Et quoi qu'il en soit, c'est encore aujourd'hui que sur le terrain des actions sont menées pour prévenir les risques des mines anti-personnel, pour permettre l'appareillage et l'insertion professionnelle des victimes (cf. Handicap International, par exemple)...
Ce n'est que beaucoup plus tard que j'appris que l'interprète de "Tchiriri" et l'acrobatique danseur unijambiste était la même personne, à savoir Costuleta. Et ce n'est pas sur une mine qu'il perdit sa jambe mais dans un accident de voiture, à l'âge de 4 ans. Ce qui ne l'empêcha pas de devenir danseur pour Tony Amado, l'homme qui lança le terme même de kuduro. Puis, Costuleta fila au Portugal d'où il démarra sa carrière de chanteur avec ce "Tchiriri" qui, semble-t-il, est son premier single.
Si cela mérite d'être nuancé, le kuduro est souvent présenté comme la première musique électro africaine. Notre œil de sociologue de la musique décela de suite dans ce style la confirmation d'une théorie élaborée lors de notre doctorat et développée dans mon livre L'Âme-sueur, à savoir : une musique populaire touchera un public élargi dès lors que celui-ci pourra s'encanailler au son de celle-ci. Le cool est avant tout canaille. Et la canaille vient souvent des cultures urbaines, des faubourgs autrefois, des ghettos désormais. Et le cool, souvent, est un euphémisme de noir. Dès lors, le trajet anthropologique du kuduro suivra le chemin depuis les bas-fonds de Luanda aux clubs branchés des mégapoles du monde entier.
A ce titre, il est intéressant de lire les commentaires récents publiés sur le blog de la radio Masala. A signaler que c'était sur ce blog que je trouvais les seuls articles en français sur le kuduro quand je cherchais pour la première fois des infos sur ce style il y a quelques années. Dans un post récent (27 avril 2009), proposant une sélection de 10 Essential Tracks, on pouvait par les réactions des visiteurs faire le point sur la percée du kuduro dans nos contrées.
Reproduisons quelques extraits de ces échanges :
"Pour ma part je n'ais pas du tout l'impression que le kuduro a explosé en France. Buraka a certes eu de nombreux articles dans la presse musicale ces derniers mois. Mais c'est loin d'être une explosion et ca les concerne surtout eux. Très peu de gens joue cette musique à Paris à ma connaisance. Et ça reste un son qui est dur a passer. J'adore le kuduro mais j'ai du mal a croire que ce genre ait un jour la faveur des parisiens. C'est une musique trop sauvage pour le clubbing d'ici qui a mon avis a du mal a sortir de son coté chic et sage. Hélas !
Ceci dit ca sera toujours une bonne chose de continuer a faire connaître cette musique un peu partout."
(Yassine aka DJ Alfred Hitchcock)
Ce à quoi, Khiasma, l'auteur du post, répond :"Re:Yassine
Je fais en fait plus référence aux clubs antillais et "black" au sens large. Depuis un peu plus d'un an, j'ai vu apparaître Kuduro aux cotés de Zouk, Dancehall, reggae, hip-hop, Coupé Décalé et Soca sur les affiches des clubs. Y compris dans ma ville natale d'Orléans qui n'est vraiment au sommet du branché.
Je parle pas du public blanc et branché quand je fais référence à l'explosion. Ce qui est intéressant c'est que cette musique lusophone angolaise (et quasiment nationaliste dans son imagerie) est opérée un véritable cross-over dans l'univers musical black en France pour être adopté d'abord par les cap-verdiens et ensuite par le reste du public antillais/africain. Du moins, il me semble".
Ce que Yassine aka DJ Alfred Hitchcock admet volontiers :"Oui tu as raison, c'est clair que dans les clubs africains le kuduro est omniprésent".
El Capitan, un autre intervenant, va plus loin :"Je parle d'un point de vue personel mais a mes souvenirs dans les "communauté afro" en europe c'était vers 2003/2004 ou 2004/2005 que le kuduro était déja gros... Galliano et d'autre on peut etre donné de la visibilité au kuduro pour d'autre milieu mais dans la communauté afro ils ne sont pas des references... Pour le cross-over ça ne me choquent pas en france la diaspora africaine dans les soirées on trouve toujours plusieurs genre avec toujours quelque genre dominant comme le soukouss ndombolo le coupé décalé le zouk le dancehall le kuduro..."
Dans cette perspective, le "Tchiriri" a suivi un chemin identique et n'a pas besoin de se prévaloir d'être le plus authentique des morceaux issu de la scène kuduro. Comme le souligne Akwaaba Music sur ce billet :
"So here's the word from Luanda... Costuleta is more of a mystery here, he certainly did not pay anyone for their contribution to Tchiriri, in particular not Znobia who did the beat, or Vagabanda or any others who also released previous versions of the song - and hence are technically its AUTHORS.
Et en français: en gros Costuleta est un imposteur, il a pris des beats et est parti vendre ça à des labels peu scrupuleux. Les auteurs du morceau n'ont rien à voir avec lui. Classique non?
Malheureusement ce n'est pas le seul, les gens venus à Luanda pour le kuduro ont en général laissé un goût assez amer... et tandis que tous les clubs + blogs un peu trendy parlent de kuduro, pendant que le NY Times loue les mérites du kuduro de BSS, rien ne change en Angola...
Je compte bien renverser tout ça, bientôt une avalanche de kuduro en direct de Luanda via Akwaaba!!!".
Et ce que confirme, l'extrait ci-dessous d'une émission de télé angolaise. Costuleta a piqué sans vergogne la compo de DJ Znobia. Ce qui ne nous surprendra pas outre mesure tant l'histoire des musiques populaires regorge de ce type de larcin. Au rayon des tubes mondiaux, le cas de la lambada, pour ne citer que celui-là, est digne d'un telenovela, avec ses nombreux épisodes...
Il n'empêche, Costuleta ramasse le magot. A l'image de ce type de pochettes, annonçant, en 2008, "Tchiriri" comme le n°1 dans les clubs...
Depuis, une étape suivante est atteinte, après le succès sur le terrain du dancefloor. Cette fois-ci, l'artillerie lourde promotionnelle se met même en place. Et c'est Sony Music qui s'y colle. Pour lancer la compil' Kuduro Connection, le 29 mars dernier, a été mis en ligne un jeu vidéo servant d'accroche à celle-ci. On appelle ça un advergame, puisque la finalité n'est autre que la promo d'un produit associé. Au son de "Tchiriri", le jeu nous invite à faire danser un personnage. Au choix, parmi les choix possibles, Costuleta lui-même et sa célèbre béquille.
Le cas est donc particulièrement révélateur du fonctionnement de l'industrie musicale, toujours en quête de "chair fraîche", que ses cool-hunters sont prêts à débusquer dans des zones toujours plus éloignées de l'épicentre occidental, afin de satisfaire la faim de s'encanailler du dancefloor globalisé. Loin d'être nécéssairement cynique et bassement commercial, ce mouvement pourrait chez certains beatmakers être comparé à une quête. A l'image de Diplo et sa façon de s'approprier le baile funk carioca, entre autres, pour le malaxer à sa sauce. Diplo, justement, sera à Sète, la semaine prochaine, à l'affiche du Worldwide Festival de Gilles Peterson... A suivre...
*Saci : de Saci-Pererê qui, dans le folklore brésilien, inspiré de la mythologie africaine, est un jeune gamin noir, unijambiste et facétieux.
Les Encanaillés : TTC, Diplo, etc...
Chroniques de TTC dans Les Inrocks...
TTC
3615 TTC
sortie 26 déc. 2006 (V2)
M.I.A.
"Bucky Done Gun"
Revue de Presse
Revue de Presse
Frisson exotique.
Fort d’un troisième album endiablé, 3615 TTC, le collectif français TTC squatte lesinrocks.com avec le clip du single Téléphone et le titre Une bande de mecs sympas en écoute.
C’est l’une des plus fascinantes aventures musicales françaises de ces dix dernières années, où comment trois parisiens adeptes de hip-hop transgressif, parti se faire signer en Angleterre pour réaliser un album toxique et déglingué (Ceci n’est pas un disque, en 2002 sur Big Dada, division de Ninja Tune), sont au fil des années devenus les précurseurs et les chefs de file d’un hip-hop français décomplexé et novateur et, dans un même mouvement, les agitateurs fiers d’une scène française jusqu’alors engoncée dans ses principes frileux.
La transformation progressive de TTC s’est principalement amorcée avec la sortie de leur deuxième album, Bâtards sensibles, époque bénie où le crew d’origine (les MC’s Tekilatex, Tido Berman et Cuizinier et le DJ Orgasmic) a été rejoints par deux amis producteurs, Tacteel et Para One. Ces deux-là, tout aussi ouverts d’esprit que leurs copains, ont resserré le propos musical du groupe, injectant une bonne dose d’electro et de fun là où l’étrange et le bizarre faisaient auparavant tout le travail.
Sur les beats viciés de ces producteurs pas comme les autres, TTC s’émancipe pour de bon. Dans le club, tube orgiaque, ou l’outré Girlfriend montrent le chemin : ouvertement sexuées, ces odes païennes célèbrent le cul, la fête et le cash sans souci du qu’en dira-t-on, comme si ces énergumènes, après des années à cultiver leur coté nerd, découvraient d’un coup les filles, les drogues et les clubs. C’est également tout un pan du hip-hop américain – machiste, flambeur et égocentrique – qui se voyait offert là une traduction française, coquine et lubrique. N.W.A., Kool Keith, 2 Live Crew ont trouvé chez TTC des cousins du vieux continent.
Comme pour mieux entériner ces nouveaux attributs, le groupe prend la capitale d’assaut, organisant des soirées dans tout ce que Paris compte d’endroits branchés. Les soirées "Alors les filles, on se promène ?", les DJ set à droite et à gauche, au Paris Paris, au Tryptique ou au Point Ephémère, TTC est partout et veut le faire savoir. En amont de la sortie de leur troisième album, 3615 TTC, le single Paris Paris illustrait d’ailleurs très bien cette excitation : De mémoire de parisien, aucune chanson n’a aussi bien célébré la ville lumière que cet hymne roublard et clinquant, à faire passer les chants du PSG pour de timides chansons paillardes.
Sur 3615 TTC, les occasions de flamber ne manquent pas : Ambition revient sur la carrière du groupe et commence très humblement par un "On a révolutionné l’industrie du disque, réinventé l’industrie du style". Ailleurs, sur le même titre, Para One, pour la première fois derrière le micro, en rajoute : "T’as une idée ? Je l’ai déjà eu l’année dernière. T’en veux une autre ? Tu peux toujours aller te faire mettre". Si on rajoute à ça Une bande de mecs sympas, l’acide Téléphone et Travailler, aucun doute n’est permis, TTC a pris une sacrée assurance sur ce nouvel album.
Si chez certains, cette posture pourrait rapidement énerver, chez les parisiens, elle est presque légitime. Porté par les prods de Para One, Orgasmic, Tacteel, Tido Berman et les invités surprises Modeselektor, 3615 TTC est à la fois une ode au hip-hop, une œuvre transgressive, un album de pop aux couleurs fluos et une fantastique plongée dans l’univers dingo de cette bande à part. "T’es dégouté ? tu fais une drôle de tête ? c’est parce que TTC continue là où tu t’arrêtes"…
Martin Cazenave
08 janv. 2007
TTC
3615 TTC
sortie 26 déc. 2006 (V2)
Longtemps TTC aura souffert d’un délit de faciès dans le hip-hop français : trop bourges, trop blancs, trop spés. Qualifiés au mieux de trublions, de rigolos ou à l’inverse de hip-hop intello, la bande à Cuizinier, Teki Latex et Tido Berman a toujours été regardée d’un drôle d’œil par le milieu du hip-hop français traditionnel, souvent très réac. Depuis les premiers maxis en 1999 et surtout son premier album Ceci n’est pas un disque (2002), le groupe s’est en effet employé à faire voler en éclat unes à unes les frontières qui prévalaient jusqu’alors dans le hip-hop français.
Véritable conglomérat de têtes chercheuses, toujours à l’affût de nouvelles scènes et de nouveaux sons, le posse a mêlé bien avant que cela ne devienne l’évidence en France hip-hop et électronique, gouaille frenchie potache et régressive avec des rythmes syncopés et booty en provenance d’Atlanta, Baltimore ou Miami. Fluos, frais, pop quand les autres rasaient le bitume et voyaient tout en gris, TTC a rappelé, brandissant haut et fort l’héritage de Sugar Hill Gang ou de De la Soul, que le hip-hop ne s’était jamais résumé à des histoires de banlieues qui craignent, de braquages qui tournent mal et d’injustice sociales. Un parcours dont ils ne sont pas peu fiers : “On a toujours tout fait en avance”, flambent-ils sur Turbo, un des titres de leur nouvel album, 36 15 TTC. Un disque plus accessible et épuré que ne l’était leur précédent, Bâtards sensibles.
là où Bâtards sensibles (2005) tenait de la performance, de la presque course à l’échalotte entre MC, DJ et producteurs, 3615TTC se veut lui plus à l’aise sur ses appuis. Dès le morceau d’ouverture, Quand je claque des doigts, c’est un groove sourd et sûr de lui qui investit les lieux, plaçant immédiatement le groupe sur l’orbite qui sera celui du disque. 3615 TTC, avec son titre un peu rétro, ressemble au dernier Pharrell : un disque de faux-joyeux qui constatent la fin d’une époque qui fût la leur (écoutez donc Antenne 2), et qui dans un dernier élan appellent les kids du monde entier à venir en saccager les dernière institutions pour prendre le pouvoir, et repeindre dans les couleurs qu’ils souhaiteront cet endroit où des gens ont longtemps vécu heureux. On savait que TTC était un groupe talentueux : on le découvre désormais généreux.
Géraldine Sarratia et Pierre Siankowski
26 déc. 2006
M.I.A.
"Bucky Done Gun"
Revue de Presse
Whether it's Angolan kuduro, Brazilian baile funk or 'trash 80s music' that gets your booty shaking, no one gets the party started like Diplo. Lauren Cochrane meets the Grammy-nominated, must-have producer
Lauren Cochrane
The Guardian, Saturday 24 January 2009
You've probably heard the work of Diplo even if you didn't know it. All you have to do is switch on the TV and radio or watch Pineapple Express and Slumdog Millionaire. Diplo - AKA DJ and producer Wesley Pentz - soundtracks our lives without even trying. His party sound was behind Bonde Do Role's Nokia ad-gracing Solta O Frango, MIA's Paper Planes, which soundtracks both Seth Rogen's and the Mumbai slum kids' escapades (and is now up for a Grammy), and tracks by everyone from Yeah Yeah Yeahs to Kanye West. And that's before we've mentioned gigs from Trinidad to Australia, London to South Africa you may have caught along the way. Ladies and gents: meet the king of the global remix.
Pentz has been DJing ever since moving to Philadelphia as a student at the age of 15, and created a potent party brew from the start, including his now legendary Hollertronix parties in the early noughties. "We played Miami bass, Baltimore club and trash 80s music. These days it sounds so cliche but it was groundbreaking," he says, comparing it to Erol Alkan's London-based dance/indie/pop mash-up, Trash. "Black and white kids would be in the same room dancing to everything mixed up. That just didn't happen in Philly."
The former anthropology major has taken this mix-up principle and run with it. Like a globetrotting Alan Lomax, Pentz collects party music everywhere he goes. A set might contain everything from Brazilian baile funk to Brooklyn reggae, UK grime to Angolan kuduro and dirty southern hip-hop. "I get given all kinds of demos of weird music," he grins. "I did a thing in Singapore with Gilles Peterson and he's the same. He represents the classic thing, and I'm about the cheaper-rent sounds." See baile funk, the favela-based sound that impressed Pentz so much that he flew to Brazil after hearing one song. "It was some kids screaming over a Smiths track with some breakbeat over the top," he recalls.
Pentz's reach is growing due to his rising profile as a producer, and the globe-straddling gang of artists out for some of his sounds. The ex-squeeze of MIA, he first brought baile funk-influenced beats to Bucky Done Gun on her debut album Arular, and worked on the follow-up, Kala, too. Then there are remixes for stars like Gwen Stefani, Kanye West and Bloc Party. Oh, and the imminent release of Favela On Blast, a documentary on baile funk based in the Brazilian favelas that "started out as a weekend project" but grew with a desire to "show how crazy the scene out there is".
All this makes the title of his latest compilation - Decent Work For Decent Pay - seem very apt. It's a collection of his work from over the past four years by one of the hardest-working knob-twiddlers in showbusiness right now. Not that he sees himself becoming the next super-producer churning out remix after remix for five-figure fees. "I want to bring up new artists, not just work with Britney and Kelis, and make sound-a-like tracks," he says. "Working with major-label artists is never that fun. Me and Maya did the Paper Planes vocal out the window with a pillow as a wind guard. If it's formulaic, it's boring." Jaded producers, take note: as our Diplo For Dummies guide, below, shows there are many different ways to make that perfect track ·
Diplo's guide to his best collaborations :
Hollatronix
Never Scared (2003)
This was my first release. We put it out ourselves and sold about 600-700 just in clubs in downtown Philly which was pretty cool. The kids on the cover were actually from the school where I was working at the time. This track made it into the New York Times' records of the year list. I thought that was as big as I could get, but now we've been in there three times.
Blaqstarr
Supastarr (2007)
I found Blaqstarr in Baltimore, on Unruly Records. No one around him knows how much potential he has; he's in a bit of a Baltimore bubble. I even had to pay to have Maya in the studio with him. They recently did a cover of The Wire theme song together and a track I worked on, Get Off, is out this year. He has the craziest voice, like the Isaac Hayes of our time.
MIA vs Diplo
Piracy Funds Terrorism mixtape (2004)
I was asked to work with Maya after she heard this track I did called Newsflash. I didn't know how to get that Philly sound without being in Philly so she came here for a week. We made Bucky Done Gun [on her debut album] but I was nervous. We made the mixtape because I thought it couldn't suck with other stuff around it. When Arular came out, the mixtape really lifted the record.
MIA
Paper Planes (2007)
Me and Maya, by this point, were deep in our relationship, close to getting married. The record is about killing each other but also loving each other more than anything in the world. But, also, we were watching The Wire a lot at the time and I pinched some lines for it. Now it's become huge on the rap scene - Lil Wayne and 50 Cent have rapped on it. The Grammy thing is huge, but we'll never win.
Kano
Reload It (2005)
I played at a couple of parties at Fabric in London, bringing grime and hip-hop together. That was the sound the label wanted for Kano. I made this record in a really hip-hop way with samples. I used an old George Harrison cover made new with old sounds. I still really like it now; it didn't really do anything when it was released but people went crazy when Kano did it live.
Buraka Som Sistema
Sound Of Kuduro (2008)
Kuduro is Angolan music that I first found out about through some Angolan kids I met in Rio. Buraka Som Sistema aren't part of the scene in Africa but they were playing kuduro at parties in Portugal. I'm in the process of getting their album distributed in the US. They've become really good friends and we've recently done a kuduro version of Lil Wayne's A Milli, called Um Milhao.
Bonde Do Role
Solta O Frango (2008)
No one in Brazil outside of the favelas would listen to baile funk until I played it in the Euro clubs; it's like some kind of colonial attitude where they need an outsider to play it back to them. These kids aren't actually from the baile funk scene. They're kind of like CSS - middle-class art kids. They don't represent ghetto funk. This song has made me the most money ever.
Diplo & Santogold
Top Ranking: A Diplo Dub (2008)
She wanted to work with me but I was working with Maya at the time so I palmed her off to [collaborator] Switch. Then they made the track Creator and I didn't want to miss out. I did three tracks for her album. We decided to do a mixtape but it took forever; she's such a perfectionist. I leaked it online but you can't get it now; she got sued by some guy named Santo Gold.
Yeah Yeah Yeahs
Gold Lion remix (2006)
After Piracy Funds Terrorism came out, Interscope wanted me to remix every song they released. I only did songs I liked - Le Tigre, Queens Of The Stone Age, Gwen Stefani, Yeah Yeah Yeahs. This track was the first time I used a computer; I made a whole different song.
Diplo & Switch
Major Lazer (2009)
Major Lazer is a guy me and Switch made up: an old army dude who is into dancehall. We're working with a lot of Jamaican artists: Collie Budz, Vybz Cartel, Mr Vegas as well as Santogold and Maya. Dancehall is great because it's so ambiguous; they might use an Irish jig or the Diwali riddim, which has Indian origins. We like that because we're good at picking weird stuff too.
Revue de Presse
Electro. Avec Black Diamond, les Lisboètes transcendent le rythme angolais.
Sophian Fanen
Buraka Som Sistema
CD : Black Diamond (Fabric/Pias).
Sophian Fanen
Buraka Som Sistema
CD : Black Diamond (Fabric/Pias).
Faisons-la courte : Black Diamond, le premier album de Buraka Som Sistema, est furieusement rafraîchissant. Reste maintenant à décortiquer cet ovni über-dansant produit par quatre Portugais, et à éviter un premier écueil : ce n’est pas seulement du kuduro, cette musique électronique née en Angola (ex-colonie portugaise) à la fin des années 90 et qui mêle percussions locales, rythmiques caraïbes musclées et beats monstres venus de la techno américaine. Explication de texte par Lil’ John, le Blanc à casquette de la bande : «Buraka joue ce qu’on peut à la limite appeler une version européenne du kuduro. Mais quand j’écoute nos morceaux et le kuduro angolais, ce n’est pas du tout la même musique : Buraka a plus de racines à Londres et aux Etats-Unis qu’à Luanda.»
Noyau dur.
Pour trouver une passerelle vers le son des ghettos angolais, bien plus brutal et proche d’une transe rythmique, on empruntera plutôt la piste tracée par le Français Frédéric Galliano et son Kuduro Sound System, qui défend une démarche radicale : «La valorisation de cette musique originale dans son aspect le plus exact est ma préoccupation. Pourquoi vouloir avoir toujours une lecture eurocentrée d’une musique qui est justement à découvrir dans son pur jus parce que c’est là qu’elle a toute sa force et son originalité ?»
Depuis leurs faubourgs lisboètes, les Buraka Som Sistema se moquent bien de la pureté de leurs intentions. Lil’ John et DJ Riot, le noyau dur du groupe, sont passés ensemble du rock aux machines, bricolant de la drum’n’bass avant d’être rejoints par Kalaf et Conductor (extirpé de la scène hip-hop), tous deux d’origine angolaise. «On s’est trouvés sur l’envie de tenter autre chose, explique Kalaf. Comme l’a dit Lil’ John, le kuduro était déjà là : il y a un public, des clubs, des disques… Mais bizarrement, peu de producteurs se le sont approprié pour l’amener vers quelque chose de nouveau.»
Une fois lancée, la machine Buraka s’est vite emballée. Elle synthétise aujourd’hui ses premières années dans ce Black Diamond survolté qui s’ouvre sur une turbine chargée de jouer les cartes de visite : Luanda/Lisboa. Signe - tout de même - d’allégeance à l’Angola, le beat est signé DJ Znobia, producteur très actif dans la capitale africaine. La suite s’aventure vite vers d’autres rives, invite une pléthore de MCs (dont la Londonienne M.I.A.) et furète dans tous les recoins de cette internationale électronique venue des ghettos que même les blogueurs les plus insomniaques ont du mal à suivre - qu’elle s’appelle baile funk, kwaito, Bmore ou grime.
Buraka Som Sistema ne conserve du kuduro que sa rythmique si particulière et la façonne à sa sauce en ciblant avant tout les dancefloors européens en manque de nouveauté. Car il faut bien l’avouer, on connaît désormais par cœur les effluves de la house, la douce patience de la minimale et les cassures rock de Justice et consorts. Des DJs comme Radioclit, Diplo, Erol Alkan et Sinden se chargent bien depuis quelque temps d’ouvrir les clubs au nouveau (et cyclique) frisson exotique, mais Buraka Som Sistema va plus loin en offrant «de vrais concerts et pas un DJ set barbant», d’après Lil’ John. Les prestations du groupe sentent suffisamment l’adrénaline pour redonner envie de danser aux plus blasés et confirment que le présent des musiques électroniques est définitivement ancrée plein sud. L’été sera Buraka.
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